La qualité des manuels scolaires : un enjeu ciblé par 6 pays d’Afrique subsaharienne francophone

Les 13 et 14 décembre 2021, s’est tenu à Dakar, un atelier pour la validation du rapport consolidé de l’évaluation des manuels scolaires menée dans 6 pays (Bénin, Burundi, Madagascar, Niger, Sénégal et Togo). L’atelier a réuni les experts nationaux des 6 pays, les experts internationaux du Bureau International pour l’Éducation et la Formation (BIEFOR), ainsi que les participants de la CONFEMEN, de l’UNESCO, de l’AFD et de l’IFEF. En collaboration avec l’UNESCO, l’activité d’évaluation est mise en œuvre par la CONFEMEN, à travers son Observatoire de la qualité de l’Éducation. Le projet Ressources éducatives, dans lequel l’activité s’inscrit, est implémenté par l’UNESCO et financé par l’Agence française de développement (AFD).

Quatre étapes ont permis de réaliser l’évaluation des manuels scolaires : 1) la co-construction des instruments d’évaluation par les experts des six pays sur la base d’une proposition effectuée par le cabinet BIEFOR; 2) l’évaluation d’un échantillon représentatif de manuels scolaires utilisés dans les pays ciblés; 3) la rédaction et la validation d’un rapport national dans chacun des pays; 4) la rédaction par le cabinet BIEFOR d’un rapport régional synthèse et consolidé.

Les deux jours de travaux ont permis aux participants d’examiner le rapport consolidé par le Cabinet BIEFOR en fonction des réalités et préoccupations nationales, de formuler des suggestions et des recommandations et de dégager des perspectives pour la suite du projet.

Pour le Secrétaire général de la CONFEMEN, Pr. Abdel Rahamane Baba Moussa, les conclusions de l’atelier seront exploitées avec beaucoup d’intérêt dans la mesure où la qualité et la disponibilité des manuels scolaires sont inévitablement une composante essentielle de la qualité du processus d’enseignement apprentissage. Il a soutenu cet intérêt pour les ressources éducatives en rappelant les résultats de l’évaluation du PASEC2019 qui montrent qu’un pourcentage important d’élèves en début et en fin de scolarité du primaire n’ont pas les compétences attendues en langue en mathématiques. L’un des facteurs explicatifs de cette situation réside dans la disponibilité et la qualité des manuels scolaire.

Le ministre de l’Éducation nationale du Sénégal par la voix de son représentant, M Alioune Badara Diop, s’est dit satisfait que ce projet inscrive les pays bénéficiaires dans des perspectives d’amélioration de la qualité des supports pédagogiques qui sont déterminant dans les performances scolaires des apprenants. Pour le ministre, cette activité d’évaluation a un double effet, d’une part, faire disposer d’informations probantes sur la qualité des manuels scolaires, d’autre part renforcer les capacités de l’expertise nationale. Il a encouragé l’UNESCO et la CONFEMEN à étendre le projet à d’autres pays qui en ont grandement besoin pour accompagner les réformes curriculaires.

Des manuels scolaires de qualité pour accompagner les réformes curriculaires

Cet accompagnement est d’autant plus nécessaire que, comme l’a fait ressortir le Chef du secteur éducation, M. Guillaume Husson, représentant le Directeur du Bureau de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest/Sahel, dans de nombreux pays, les manuels scolaires sont rares dans les écoles et dans les cartables des élèves. Ce constat est présent en dépit des réels efforts nationaux soutenus par les partenaires techniques et financiers pour la conception, la production, l’achat, la distribution et l’utilisation de manuels depuis deux décennies. Pour M. Husson, au déficit quantitatif s’ajoutent le plus souvent les défis de la qualité, de la pertinence des manuels au regard notamment des programmes ou des orientations nécessaires que la société veut donner à l’éducation de ses enfants et du besoin de renforcement des compétences des enseignants.

Le représentant de la Directrice de l’Institut de la Francophonie pour l’Éducation et la Formation (IFEF), M. Rémy Yaméogo, a abondé dans le même sens en notant qu’en dépit d’une planification rigoureuse des programmes d’enseignement et des approches didactiques, un des principaux éléments de la chaine pédagogique fera défaut si les élèves et leurs enseignants ne disposent pas de manuels et de guides conçus dans le strict respect des principes et adaptés aux réalités. Pour lui, la conception de manuels scolaires de qualité est une œuvre à la fois délicate et complexe qui se doit de mobiliser les compétences nationales dans une vision holistique et être soutenue.

Les différents intervenants ont salué le soutien de l’AFD qui a contribué, à hauteur de 5 millions d’euros, à cette initiative sur les ressources éducatives. Pour le Directeur du Bureau de l’AFD à Dakar, M. Alexandre Pointier, l’AFD est heureuse d’appuyer ce projet d’envergure, avec 16 pays à terme sur le continent africain qui devraient être accompagnés dans le renforcement de leur politique nationale de développement des ressources éducatives matérielles et numériques. Les statistiques de l’AFD révèlent que le soutien au secteur éducatif est l’une des priorités de l’institution sur le continent africain, avec un engagement de près de 400 millions d’euros en 2020 en Afrique subsaharienne, dont 245 millions d’euros pour le seul secteur de l’éducation de base.

L’activité « évaluation des manuels scolaires » du projet « ressources éducatives » a été lancé officiellement le 11 novembre dernier à Cotonou, lors d’une cérémonie présidée par les ministres en charge des Enseignements du Bénin.