Journée internationale de la langue maternelle : Message du Secrétaire général de la Confemen
La communauté internationale célèbre aujourd’hui la journée internationale de la langue maternelle sous le thème : « L’éducation multilingue est un pilier de l’apprentissage intergénérationnel ». Ce thème est en consonnance avec le Document de réflexion et d’orientation (DRO) de la 59ème ministérielle de la CONFEMEN de 2022, qui insiste sur l’importance des langues maternelles et du multilinguisme dans l’apprentissage, la réussite scolaire et le vivre ensemble. C’est donc l’occasion de réaffirmer notre engagement à assurer pleinement l’utilisation des langues maternelles dans les systèmes éducatifs dans le respect de la diversité linguistique et culturelle qui caractérise l’espace francophone.
Selon Joseph Poth, « C’est bien la langue maternelle qui garantit le décollage intellectuel de l’enfant dès le début de la scolarité… c’est elle qui lui fournit la possibilité de verbaliser sa pensée et de s’intégrer harmonieusement dans le monde qui l’environne ».
Ces propos sont largement corroborés par les résultats des évaluations internationales du Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (PASEC) de 2014 et 2019 ainsi que ceux de l’évaluation menée par le PASEC sur les écoles du programme École et Langues Nationales en Afrique (ELAN) de l’IFEF en Guinée, au Togo, et en Côte d’Ivoire. En effet, ces évaluations révèlent des résultats significativement plus appréciables lorsque les élèves sont évalués dans leur langue maternelle.
Le multilinguisme est donc une richesse pour l’apprentissage et le vivre ensemble et la CONFEMEN s’est toujours engagée à soutenir chaque État et gouvernement membre dans la mise en œuvre d’une politique linguistique nationale qui normalise le multilinguisme, aménage le statut et le corpus des langues nationales dans l’enseignement et la communication, et favorise l’ancrage de ces choix dans la conscience collective.
Ainsi, en s’appuyant sur les recommandations du DRO de 2022, la CONFEMEN veille, dans ses États et gouvernements membres et en collaboration avec d’autres organisations internationales, à la promotion d’un modèle éducatif bilingue qui assure dès les premières années et dans le processus d’apprentissage et tout au long de la vie, l’utilisation des langues maternelles et la promotion du multilinguisme tout en veillant à l’application de mesures d’efficacité tirées de la recherche scientifique.
Il s’agit précisément d’aider à la mise en place d’une gouvernance participative et décentralisée de la politique d’éducation bilingue, impliquant toutes les parties prenantes à travers des alliances et partenariats dynamiques, tout en veillant :
- à l’expression de la diversité linguistique et culturelle dans les apprentissages à travers des méthodes pédagogiques innovantes et efficaces ;
- au développement d’une politique nationale de promotion de la lecture en langues maternelle basée sur l’édition en langues nationales et l’approvisionnement des bibliothèques ;
- au développement, à l’échelon décentralisé, de plans de recrutement et et de formation des enseignants selon les langues et en accord avec les besoins des localités ;
- à la conception et l’application d’une stratégie d’atténuation des craintes et réticences, d’information et d’implication accrue de la société civile et des communautés linguistiques.
Ces différents éléments visent l’intégration réussie des langues maternelles dans l’éducation en vue d’améliorer les résultats d’apprentissage et d’enrichir le tissu culturel et linguistique de nos sociétés. Ils permettent également de favoriser la communication intergénérationnelle nécessaire à l’amélioration du suivi parental du travail scolaire mais aussi à la transmission des valeurs et des savoirs endogènes qui, en complément des savoirs fondamentaux véhiculés par l’école, participe à la construction des identités individuelles et collectives.
C’est dans ce cadre que le PASEC intègre, dans son dispositif d’évaluation internationale, les langues d’enseignement autres que le français. Ainsi, l’évaluation PASEC2024 qui sera menée dans une vingtaine de pays prendra en compte, à côté du français et selon les pays, d’autres langues comme le Malagasy, le Haoussa, le Zarma, le Kirundi, le Bamanankan, etc.
De même, le programme d’appui au changement et à la transformation de l’éducation (PACTE) de la CONFEMEN prévoit des actions pilotes de relecture des curricula, d’évaluation des manuels scolaire et de promotion des alternatives éducatives dans lesquelles les langues maternelles et le bilinguisme trouvent leur place.
En cette journée spéciale, la CONFEMEN réaffirme son attachement à l’enseignement multilingue comme gage d’épanouissement et de succès de l’apprenant mais aussi d’une communication intergénérationnelle propice au renforcement du lien social et du vivre ensemble.
Ensemble, nous pouvons faire la différence. Ensemble, nous pouvons construire un avenir où chaque enfant peut apprendre dans sa langue maternelle tout en s’enrichissant, par le multilinguisme, de la diversité culturelle et linguistique qui caractérise la Francophonie.
Ensemble, réinventons l’éducation pour demain.